"Un nom bien condusien ! Et aussi d'Ourthe-Amblève, surtout dans le voisinage d'Aywaille et de Tohogne. Bien au-delà..., dans la région de Martelange, où un certain Mathieu Hubin a été baptisé en 1667, fils de Gérard Hubin et de Claudine Thiry et ancêtre de grosses familles ; l'acte baptismal a été relaté en latin ; les parrains étaient du Petit Nobressart (Klein...) au Grand-Duché de Luxembourg ; les parents s'appelaient "Hubingen". Et de ce nom, on en trouve déjà en 1271, dans cette région. Ce Mathieu Hubin était fils de Henri Hubin(gen) de Martelange. ~ Aubange-lez-Athus se dit en allemand Hubingen. Ces "gen" se retrouvent tout au long du Rhin. En nos régions, un "liber homo Petrus de Hubinne" est cité en 1202 ; puis en 1249 : "Pierre, chevalier de Hubinne" près de Hamois-en-Condros. En "1271... en présence du Sieur de Hubines, chevalier, son fils Henri..." et de plusieurs autres (A.A. Arlon, XIII, 62). ~ En 1308, un Pierre de Hubin est voué du comte de Luxembourg pour ses possessions de Hubinne ; il connut sans doute la bourrasque cruelle entre les Dinantais et les Cinaciens restés seuls fidèles à leur Prince-Evêque de Liège. Hubinne fut incendié avec son église et le château, de même qu'onze villages. Cette grosse bagarre se termina par le traité de Flône, le 1er juin 1330. La vouerie passa à d'autres mains que celles des Hubin-ne, mais cependant à des familles qui disaient s'y rattacher.

 On trouve dès lors des Hubin un peu partout, notamment des prêtres, des moines. Ce sont ceux-là que les archives ont le mieux gardés. Un Gauthier Hubin est chanoine de Huy en 1363 (encore en 1390). Un Jean Hubin fut curé de St-Gérard en 1521, un Henri Hubin, curé à Vien en 1711 et à Balatre en 1725, des prêtres Hubin aussi à Liège, Glain, Chênée ; un Jacques Albert Hubin, de Maffe aspirant au sacerdoce en 1737, etc. Car à ce moment la famille est omniprésente. ~ Dans nos régions, il y a de nombreuses familles Hubin dès le XVIIIe siècle, alliées aux Tasia, Ninane, Thiry, Gilles... On me permettra de faire un rapprochement intéressant qui s'impose spontanément... quand on est du coin.

 D'abord revenons un peu à Hubinne, hameau donc de Hamois. Il y existe une archi-vénérable petite église (avec des sculptures remontant probablement aux 8e ~ 9e siècles (?) ; dans ce sanctuaire ( à voir !), une très ancienne et très répandue dévotion à Notre-Dame de Hubinne, avec un célèbre pèlerinage qui autrefois, aux temps héroïquement chrétiens, était parfois imposé comme pénitence au for interne et au for externe ecclésiastique comme peine de rachat par des tribunaux, au même titre que les pèlerinages à Saint-Hubert, à Notre-Dame de Hal ou, eh oui; à Saint-Jacques de Compostelle. (Soit dit en passant, ces pèlerins de St-Jacques s'appelaient les "Jacquets", nom souvent porté par après.) Par ailleurs (peut-on se permettre ce rapprochement ?) dans la campagne entre Houmart et Tohogne subsiste vieux et courageux, un tilleul, dominant l'alentour labouré de temps immémorial et portant une vieille croix (y a-t-il eu aussi une image mariale comme si souvent ?) : le site s'appelle toujours : "Al' Creu Hubenne". ~ Par ailleurs, en 1308, Pierre de Hubin(ne) possessionné à Hubinne et Rondu, est voué au comte de Luxembourg ; il faut rappeler que Hubinne même faisait partie de la Prévôté de Poilvache relevant du Luxembourg. ~ Et comme par hasard, le 10 octobre 1337, à Marche : "Jehan, roi de Bohème et comte de Luxembourg, fait connaître que, pour les bons services que lui a rendus son féal chevalier Messire Hubin, bareit (= voué) de Liège,... il lui a donné vingt-cinq livrées de terre, un viel gros tournois de 16 deniers à lever chaque année sur sa dîme de Tohogne, lesquelles livrées de terre Hubins tiendra de lui et de ses hoirs comtes de Luxembourg et en hommage du château de Durbuy." (Tandel, p. 300.)

Alors... cette Croix-Hubinne ne serait-elle pas là pour localiser ces livrées de terre et de dîme ? Si le tilleul pouvait parler et raconter ce qu'a su le premier tilleul de cet endroit ! "

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