~ Petite histoire d'Yport ~
D'après les témoignages, Yport était, dès la fin du XIIe siècle, un petit port de pêche.
Dès le XIIIe siècle, les pêcheurs sont mentionnés
dans les annales d'Yport. La Pointe du Chicart protège le port des
vents d'ouest et il reste abordable par gros temps, alors qu'il est impossible
d'accoster à Etretat ou d'entrer à Fécamp. Cela constitue
donc pour Yport un avantage notable, les gros temps étant fréquents.
Le
port est cité au début du XIIIe siècle, sous Philippe
Auguste. En 1217, Pierre de Criquebeuf donne à l'abbaye de Fécamp
tous les objets de naufrage qui seraient jetés sur les grèves
d'Yport.
En 1324 et 1326, le port d'Ieuport est gardé par Richard
de Criquebeuf, un écuyer et un sergent à cheval.
Le port semble cependant de faible importance et le restera pendant
le XIVe et le XVe siècle, peut-être même le XVIe.
Au XVIIe on éprouva le besoin de défendre Yport contre
la mer. En 1642 furent établis les plans et devis d'une jetée
ou épi en bois de 96 pieds de long, non compris la pointe, "pour
empêcher la mer de manger les terres de devant Yport".
A notre avis le port était resté jusque-là un
simple refuge à l'abri du Chicart, où venaient s'échouer
sur le rivage quelques canots de pêcheurs.
Le 8 janvier 1720 "les maistres de bateaux et autres matelots de Criquebeuf
et d'Yport" s'obligeaient à porter à pied d'oeuvre les quartiers
de roches nécessaires pour la construction d'une jetée
en pierre.
Une "maladie contagieuse" qui sévit pendant 4 mois de l'année
1722 réduisit de 150 à 60 le nombre de personnes en âge
de travailler.
La jetée, qui a 53 m de longueur soit environ 20 m de plus que
la première, fut construite l'une des années suivantes.
M. Gourdon de Léglisière s'exprime ainsi en 1749 : "Yport
est un petit port d'échouage au moyen d'une jetée que le
roy y a fait faire il y a quelques années pour arrêter le
sable et le galet qui viennent d'aval."
On peut en déduire que la construction de la jetée en
pierre eut lieu entre 1724 et 1740.
En 1753 sont mentionnés pour la première fois deux cabestans. Ces appareils indispensables pour hisser les barques sur la grève sont aujourd'hui au nombre de 25.
En 1755, 119 marins d'Yport figuraient sur les rôles de l'inscription maritime. Ce nombre avait été atteint récemment car plusieurs descendaient de journaliers, de perquilleurs, de brûleurs de varech. Aujourd'hui nos marins inscrits sont plus de 400.
C'était le temps des luttes maritimes contre l'Angleterre. Le port fut fortifié et un corps de garde s'éleva à la naissance de la jetée. On y établit, au débouché de la rue de la Fossette (aujourd'hui rue Gorgeu) une batterie d'artillerie avec deux pièces de 8.
On communiqua tout d'abord avec l'échouage par une rampe très
roide descendant vers l'ouest en forme de demi-cercle, à l'extrémité
de la Grande Rue. Cette rampe fut détruite presque entièrement
par l'inondation de 1820. Reconstruite, elle fut à nouveau emportée
par les eaux pluviales en 1842.
L'inondation de 1865 nécessita à nouveau d'importantes
réparations à tous les ouvrages.
Mais le travail le plus important en faveur du port, après la
construction de la jetée, fut l'établissement du chenal
en 1873.
Le trafic du port a sensiblement augmenté. Les produits de
la pêche locale, évalués avant 1873 à 85
ou 90.000 fr., ont atteint 140.000 fr. en 1906 ; en 1904 ils avaient dépassé
150.000 fr.
Le nombre des embarcations, d'un tonnage moyen de 5 tonnes,
participant à cette pêche est d'environ 40, mais plus du tiers
n'y prennent qu'une part temporaire entre deux campagnes de Terre-Neuve.
Seules 25 naviguent toute l'année, montées par 120 mousses
ou matelots.
Sur les 420 marins d'Yport, environ 160 forment les équipages
des navires de Fécamp armant pour la petite pêche ; quelques-uns
-une dizaine- sont pêcheurs d'Islande et 120 vont chercher
la morue à Terre-Neuve.
Un seul de nos armateurs possède un navire attaché au
port de Fécamp, qui se livre à la pêche du maquereau
et du hareng avec salaison à bord. Les autres sont propriétaires,
et la plupart patrons, des caïques de notre port, tous armés
pour la pêche fraîche.
Depuis 1883, Yport possède une station de sauvetage.
Yport, station balnéaire
A partir de 1855, Yport est connue comme station balnéaire. En 1864 le
registre des délibérations du Conseil Municipal parle de 300
baigneurs chaque année. Le chiffre paraît vraisemblable car
à cette date M. Nathan faisait constuire le casino.
La station balnéaire apporte un nouvel essor à la petite bourgade.
En 1864 un bureau de poste est créé, un bureau télégraphique
est installé à la Mairie en 1870, puis transféré
à la poste en 1883. Un service téléphonique est installé
le 25 décembre 1903.
Depuis 1867 nous avons un marché le mercredi pour les denrées
alimentaires.
Yport a également son médecin et son pharmacien.
Elle possède une excellente eau potable qui a été
captée par le regretté M. Foy sur le rivage même de la mer,
malgré des difficultés inouïes.
Enfin M. Simon vient de remplacer, en 1906, les réverbères de
1879 par l'éclatante lumière électrique.
Source : Etude sur Yport par M. Boulard, instituteur (1908).
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